Confiance

Les gens n’imaginent pas à quel point on peut perdre toute notion de confiance après une telle infamie vécue. Je ne vous parle même pas du sentiment d’injustice. On arrive même à perdre toute croyance en Dieu.
Les épreuves et la violence des humiliations sont à un tel niveau, que parfois, on vit entre temps et survie. La seule énergie et lumière que je reconnais dans ce tourbillon d’acharnement, c’est mon fils. Le désastre subi depuis avant la naissance de mon fils. Ceci, juste parce que j’ai eu le malheur de faire une seule fois confiance aux institutions, me couvre d’insomnie.
Je n’ai pas le temps, hélas, de passer un seul instant avec mes regrets.La pire des tortures, pour une mère, est la souffrance du fruit des ses entrailles. Mon fils me rends forte et, j’ai pitié pour lui tous les jours. Mon fils n’a rien fait et, n’a pas mérité cet éloignement. Mon fils n’a pas mérité cet enfer et cette prison. Toute sa vie, il aura les séquelles de cet éloignement depuis le jour de l’accouchement. J’avais des projets de vie et de famille pour lui depuis le premier jour de mon désir d’être pleinement femme.
Mon fils ne sais pas encore parler et s’exprimer de façon éloquente. Mais, je le comprends de façon limpide.
Les échanges de regards, les sourires, les joies même limitées par les temps de visites accordés, tout cela me rappelle la fusion que j’avais eue avec lui dans mon ventre.
Oui, les « temps de visites », comme en prison, voilà ce dont mon fils a droit en guise de mère. Je le comprends mon fils. Mon fils me montre du doigt la veste pour me dire : JE VEUX SORTIR ME PROMENER. C’est dans ces moments-là que toute mon âme de mère dit en silence. PARDONNE-MOI, J’AI EU LE MALHEUR DE FAIRE CONFIANCE. PARDONNE-MOI, JE T’AIME. PARDONNE-MOI, JE NE SUIS PAS UNE MAUVAISE MÈRE.
Alors voir mon fils, pointé du doigt sa veste, n’a pas besoin de beaucoup d’éloquence pour être limpide.
Je suis tellement désolée de ne pas pouvoir lui donner tout l’amour et la protection qu’il mérite. Je dois tenir. Je dois tout surmonter pour ne pas continuer à le voir dans ce milieu.
L’image que j’ai de ces gens, n’est pas digne d’être prononcée. Je suis croyante.
« J’ai eu le malheur d’avoir confiance une fois. »